SEXUALITÉ À AMBOVOMBE ET TSIHOMBE : LES MŒURS PRIMENT SUR L’ENCADREMENT
Le sujet n’est considéré dans aucune forme d’éducation et ne fait aucun objet d’encadrement ni de sensibilisation dans ces deux districts de la région du Sud. Lors de notre passage dans le cadre d’une mission sur l’identification de la situation en SDSR (santé, droit sexuel et reproductif) dans le sud, il a été observé auprès d’un échantillon de jeunes filles enquêtées que le rapport sexuel se fait en moyenne, dès l’âge de 9 ans chez les jeunes filles dans cette région. Ces jeunes témoignent avec désinvolture que cela relève des mœurs sociales de cette région, et ne reconnaît d’un iota dans ces pratiques aucun cas de « détournement de mineur ».
Ces usages précoces de sexualité conduisent à cet effet à des cas de grossesses « très précoce » d’une ampleur encore méconnue du public, mais surtout à une étendue horrifiante de cas de maladies dues au VIH Sida. Le médecin-chef inspecteur du District d’Ambovombe, Audin Schiller RABEMIANDRISOA, décrit une « sexualité libre », à travers la situation ; que « les jeunes peuvent sortir avec ceux qu’ils veulent à partir de 10 ans » ; et le concept de détournement des mineurs n’existe pas.
123 cas de VIH ont été enregistrés à Ambovombe, dont 65% ont été dépistés chez les femmes. 20 personnes ont déjà succombé à cette maladie. La grossesse précoce ; naître et grandir, une spirale sans fin avant d’atteindre l’âge de 15 ans, les jeunes filles élèvent déjà au moins deux enfants, nés de pères différents.
Tranche d’âge sur le cas des personnes testées séropositif dans le district Ambovombe, Androy en 2017-2022
Ages | Nombres |
Entre 1 an-10ans | 9 |
Entre 11ans -20 ans | 12 |
Entre 21ans – 30ans | 64 |
-Tinae , une fille de 13 ans, habitant du Fokontany d’Andronosoa, District de Thihombe, et déjà mère de deux enfants, âgés de 2 ans et 1 an. Elle témoigne avoir eu son premier enfant à 11 ans. Issus de pères différents, les deux hommes auraient totalement ignoré leurs responsabilités envers leur enfant respectif selon elle. Des agents communautaires ont réussi à la convaincre de pratiquer la méthode contraceptive. Actuellement, elle porte un « implant ».
-Christmas, 16 ans, mariée avec 3 enfants ; elle aurait accouché de son premier enfant à l’âge de 11 ans. « Notre but c’est d’avoir dix enfants », a-t-elle souligné ». Elle pratique en ce moment le planning familial.
-Herenazee, 28 ans déjà mère de famille de 8 enfants, elle a eu son premier enfant à l’âge de 12 ans en 2009. Elle et son mari ont décidé de ne pratiquer le planning familial qu’à partir de leurs sixièmes enfants. Actuellement, seuls trois enfants sur les huit ont pu rejoindre l’école, a-t-elle affirmé.
Toujours dans le district Tsihombe, Safidy à 16 ans ; elle est à la fois mère de deux enfants et étudiante en classe de première, son ambition est de devenir sage femme.
D’autres femmes ont décidé de faire le ligature en constatant les cas de mortalités maternelles, a expliqué, Hollande Razanajafy, un agent communautaire au fokontany, Tambanditse district de Tsihombe. « Les femmes enceintes doivent parcourir 18 km à pied pour rejoindre l’hôpital,six femmes par an sont décédées en cours de route. Compte tenu de cette condition, 6 sur les 176 mères de cette zone ont décidé de faire la ligature » a-t-elle ajouté. Anaboatse, une femme de quarante ans, a décidé de se faire ligaturé cette année, après son 16e enfant.
Un désintéressement du planning familial très élevé.
Le taux de couverture en PF (planning familial) dans le district Ambovombe est de 9% selon le revu PF des femmes en âge de procréer en fin d’année 2021 si ce taux atteint 43% au niveau national. Autre la prédisposition des méconnaissances de la méthode contraceptive, le présuré et le tabou viens renforcer le désintéressement au planning familial. Ce faible taux aurait été également favorisé par le manque de matériel mis à disposition, dû à une rupture en matériel PF selon les données transmises. Cette rupture aurait alors galvanisé davantage à ce désintéressement, explique le médecin-chef inspecteur du District d’Ambovombe, Audin Schiller RABEMIANDRISOA.
Région Anosy: le Planning familial reste une initiative et une responsabilité personnelle de la femme
Le tabou reste un facteur de blocage sur l’utilisation des méthodes contraceptives dans la région Anosy surtout pour les Mahafaly et les Antandroy. Une femme doit au moins engendrée six enfants, et le nombre varie en fonction de son charme. Par contre, les Antanosy sont plus faciles à convaincre, selon une déclaration du superviseur « single provider outreach » (SPO), Hervea Razanfindradiara.
La plupart des femmes de cette ethnie auraient pratiqué la méthode contraceptive sans consulter l’avis de leur mari. L’utilisation des méthodes contraceptives entre dans la politique et du programme prioritaire des autorités responsables dans le district du Tolagnaro, à travers l’association Viavy Miavotse, initié par le ministère de la population. Malgré son avancé économique par rapport aux autres districts du Sud, on y trouve encore des ménages vulnérables avec des nombreux enfants.
Une jeune mère de 28 à 30 ans issus de la ville peut avoir jusqu’à 8 à 10 enfants, voir jusqu’à 12 enfants, dans les zones rurales, selon le témoignage de la présidente de la plateforme Viavy Miavotse, Razafitsimahandro Noéline. Un cas loin d’être isolé qui laisse présager un impact socio-économique dans l’ensemble des familles de cette localité et qui conduit souvent à une vulnérabilité sanitaire de la mère et de l’enfant, a-t-elle expliqué. Le cas de Maeovavy Henriette, une mère de famille de 58 ans : « J’ai pris la décision d’effectué la méthode contraceptive après ma dixième enfant ».
Un taux de grossesse précoce élevé accompagné de violence envers les mineurs est en outre constaté dans cette région. Cela s’est manifesté par le manque d’éducation et la vulnérabilité financière de certains ménages. Selon le témoignage de Ninah, une jeune mère de 14 ans, elle a avoué avoir été victime d’une relation sexuelle forcée par des personnes très proche d’elle ; qui l’a obligé à coucher avec deux hommes différents dont l’un d’eux est le père de son bébé de 9 mois. Elle a affirmé avoir reçu 8 000 ariary après.
Quant à Sampela, une jeune mère de 14 ans habitant dans le fokontany Esokaka , elle a eu son bébé à cause de son ignorance et la manque d’éducation. » Des jeunes de 13 ans ont accouché jusqu’à deux bébés dans la commune rurale » affirme le SPO du fokontany Analahova, Sonatoly Yvette. La plupart des femmes et jeunes filles dans la région Anosy pratique actuellement la méthode contraceptive « Implant », cela atteint jusqu’à 70 %, a-t-elle expliqué.