Éducation à Madagascar : des avancées notables mais des défis persistants

Transparence et gouvernance : des progrès encourageants
Le projet SCORE II a récemment publié les résultats de sa quatrième observation sur la transparence, la redevabilité et la qualité des services dans le secteur de l’éducation à Madagascar. L’évaluation, menée entre juillet et décembre 2024, a couvert 494 écoles publiques dans sept régions du pays. Les conclusions montrent des avancées significatives en matière de bonne gouvernance et de transparence dans les établissements scolaires.
Ainsi, 98 % des FEFFI (associations des parents d’élèves responsables de la gestion des écoles) ont atteint un niveau élevé de transparence, en mettant à disposition des membres les informations sur les dépenses et les décisions prises. De plus, 97 % d’entre elles impliquent désormais la communauté éducative dans les discussions sur la gestion interne.
Cependant, la lutte contre la corruption reste un défi. Malgré les sensibilisations auprès de 80 % des FEFFI, les signalements de pratiques douteuses restent rares, montrant un besoin urgent d’éducation citoyenne sur la prise de responsabilité et la dénonciation des abus.
Des infrastructures insuffisantes et des classes surchargées
Si la gestion administrative progresse, la situation des infrastructures scolaires reste préoccupante. Les établissements doivent composer avec une surcharge des classes, notamment dans la région d’Androy, où certaines salles accueillent jusqu’à 92 élèves, bien au-delà des normes fixées par le Ministère de l’Éducation Nationale (MEN).
Par ailleurs, le manque de moyens entraîne des inégalités criantes : 57,37 % des enseignants sont des fonctionnaires, tandis que plus de 35 % sont payés directement par les parents, une charge lourde pour les familles les plus modestes. De plus, les subventions étatiques destinées au fonctionnement des écoles accusent des retards de paiement allant de trois à douze mois, aggravant la précarité des établissements.
Une éducation encore marquée par l’abandon scolaire
La rétention des élèves constitue un autre point critique. Entre le premier et le cinquième niveau du primaire, 65 % des élèves quittent l’école, tandis que le taux de déperdition atteint 36 % dans les collèges d’enseignement général (CEG).
Concernant la réussite scolaire, les taux de passage au niveau supérieur restent préoccupants : 67 % dans le primaire et 72,31 % dans le secondaire, des chiffres inférieurs au seuil acceptable de 75 %. Ces résultats traduisent un besoin urgent d’amélioration de la qualité de l’enseignement et des conditions d’apprentissage.
Inclusion et égalité des chances : des efforts en cours
Le projet SCORE II met également en lumière les efforts entrepris pour l’inclusion des élèves vulnérables. Près de 71 % des FEFFI ont mis en place des mesures pour faciliter la réinsertion scolaire des filles et des garçons en situation de précarité. De plus, 88,89 % des associations ont initié des actions en faveur de l’inclusion des enfants en situation de handicap, bien que des défis subsistent pour garantir un accès équitable à l’éducation pour tous.
Des recommandations pour un avenir plus prometteur
Les conclusions de SCORE II soulignent la nécessité de renforcer les infrastructures scolaires, de réduire la surcharge des classes et d’améliorer l’inclusion des élèves en situation de handicap. Par ailleurs, l’allocation et l’utilisation des fonds publics doivent être mieux contrôlées pour éviter les risques de corruption et garantir un soutien financier stable aux établissements.
Face à ces enjeux, SCORE II et ses partenaires poursuivent leur engagement auprès des acteurs éducatifs locaux pour garantir une éducation de qualité accessible à tous. La transparence et la redevabilité restent les piliers d’un système éducatif plus équitable et performant, à condition que les réformes nécessaires soient réellement mises en œuvre.
Tiana Andriamifidy