La « santé pour tous », une conviction qui souligne la nécessité d’une couverture sanitaire totale, devant dans ce cas franchir les zones enclavées ainsi que les lieux négligés. Les centres de détention sont notamment les lieux les plus négligés à Madagascar.
Une enquête qui a été effectuée en 2021 par le journaliste Tiana Andriamifidy à Antanimora et à Ambalatavoangy montre que les femmes enceintes et allaitantes sont celles qui souffrent le plus de la négligence sanitaire en prison. En effet, parmi les 4000 détenus d’Antanimora, 420 en sont des femmes. Dont, 18 ont été enceintes et 15 allaitantes en 2021. Les femmes qui accouchent en prison n’ont droit qu’à 5 heures de pause après l’accouchement. Elles sont ensuite expédiées immédiatement dans leurs cellules. Les résultats d’investigation de l’ONG Humanité et Inclusion (HI) révèlent également que 64% des personnes détenues avouent les mauvaises conditions carcérales à Madagascar. Un pourcentage qui a été relevé auprès de 4 centres de détention à savoir Antanimora, Vatomandry, Toamasina et Mahajanga, pendant une étude de 2010 en 2014.
À Madagascar, un personnel de santé à Madagascar s’occupe en moyenne de 500 détenus et les infirmeries dans ces milieux carcéraux sont en pénurie de médicaments. Le budget national n’arrive qu’à couvrir les besoins de base comme l’alimentation. Elle ne couvre guère les besoins en médicaments. Les détenus sous une mesure d’urgence d’emprisonnement ne sont pas non plus autorisés à une évacuation sanitaire en cas de maladie grave à Madagascar. Seules les prisons d’Antanimora et de Tsiafahy disposent de médecin, nous informe la Cheffe du projet MIARINA de l’ONG Humanité et Inclusion, Cynthia MAMY. Et seuls les centres de détention bénéficiaire de projets non gouvernementale ont l’opportunité de recevoir des soins adaptés.
La vie en prison impacte aussi la santé mentale des prisonniers. HI a noté que 98% des détenus présentent un sentiment négatif, 18% sont atteint de dépression et 16% ont un sentiment d’abandon. On y trouve pleins de gens découragés, déprimés, fatigués et qui se livrent facilement au suicide. « Le seul fait de savoir qu’on sera incarcéré remue la mentalité vers la négativité » a affirmé la Conseillère Technique National en Santé Mentale et Soutien Psychosocial de HI, Stacy RAKOTONDRAZANANY. Si bien qu’à vivre en plus dans des conditions négligées, les détenus tombent dans un trouble de santé mentale. Tout simplement parce que la réalité montre qu’une fois incarcérés, ces personnes semblent avoir perdu leur droit en terme de santé.
Aujourd’hui, le monde entier tente de sensibiliser les acteurs de santé pour arriver à atteindre un objectif commun qu’est la santé pour tous. Cette dure réalité montre à quel point la santé est un sujet souvent négligé en milieu carcéral à Madagascar. Il est temps de donner un sérieux coup de semonce, dont nous ferions bien de tenir compte si nous voulons réellement atteindre la « santé pour tous ».