Société

Ratification du Protocole de Maputo : Entre Défis Législatifs et Consultations Nationales

Pourquoi Madagascar tarde-t-il à ratifier cette lois Internationale ?

« Selon la procédure législative, c’est à l’Assemblée nationale et au Sénat de fournir une autorisation au Gouvernement pour la ratification du Protocole de Maputo. Avant tout, cela nécessite une consultation approfondie et inclusive. Il est essentiel de recueillir les avis des différentes parties prenantes, notamment la population, la société civile, les leaders religieux et autres acteurs clés. Une analyse rigoureuse des dispositions du protocole est également nécessaire, car certains textes semblent entrer en contradiction avec la culture et les valeurs fondamentales des Malagasy », a indiqué le député Seth Rajoelina. « La majorité des députés partagent mon avis sur ce point », a-t-il souligné.

Des Droits des Femmes à Reconnaître pour une Société Égalitaire

Quant à la représentante du Comité National des Femmes de Madagascar (CNFM), Ravaka Ratsimba Andriainina, cette situation entrave considérablement les progrès pour les femmes Malagasy qui continuent de faire face à de nombreux obstacles au quotidien. Pourtant, la ratification du Protocole de Maputo apporterait une reconnaissance juridique aux droits des femmes, notamment en matière d’héritage et de participation politique. Cela permettrait également d’instituer des mesures d’accompagnement pour surmonter les obstacles sociaux et économiques freinant leur inclusion.

Aujourd’hui, les femmes Malagasy se heurtent encore à des stéréotypes profondément enracinés. La politique, par exemple, est largement perçue comme un domaine réservé aux hommes. Cette exclusion systématique, combinée à l’absence de lois soutenant les femmes, perpétue les inégalités, a-t-elle souligné.

L’article 14, alinéa 2-c, du Protocole, qui garantit des droits en matière de santé reproductive, reste inapplicable, laissant les femmes sans cadre légal pour accéder à des services de santé sûrs. Les avortements clandestins sont fréquents et pratiqués dans des conditions précaires, souvent sans équipements conformes ni personnel qualifié, mettant la vie des femmes en danger. « L’avortement sécurisé, pratiqué selon des normes médicales strictes, pourrait sauver des vies, mais cela reste un tabou social et légal », précise Ravaka Ratsimba.

Le CNFM, en collaboration avec le Forum Génération Égalité (FGE), mène depuis 2021 un plaidoyer actif pour accélérer la ratification du Protocole. En 2023, ses efforts se sont élargis pour sensibiliser les jeunes, en mettant l’accent sur les droits en matière de santé sexuelle et reproductive. Les députés ont été sollicités, mais le principal frein demeure l’absence de volonté politique au sein du gouvernement.

« La balle est dans le camp de l’exécutif », souligne Ravaka Ratsimba. « Ce n’est qu’après l’autorisation de ratification par l’Assemblée nationale et le Sénat que le gouvernement pourra transformer ce Protocole en une loi applicable. »

Citoyen interviewé

Selon les opinions publiques, l’adoption de cette loi à Madagascar représenterait déjà un pas en avant. Elle mettrait également en avant le rôle des femmes et leur donnerait une place essentielle dans le développement du pays. Sur le plan de la santé, elle permettrait de protéger la vie des mères et des enfants, car le taux de mortalité est actuellement très élevé. Sa mise en œuvre serait donc bénéfique pour le pays. Cela s’inscrit également dans la stratégie du gouvernement Malagasy pour réduire le taux de mortalité maternelle et infantile, une stratégie qui reste encore un long chemin à parcourir, ont-ils indiqué.

Le Protocole de Maputo : Un Outil pour l’Égalité et la Croissance

Adopté en 2003, le Protocole de Maputo complète la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Il contient 32 articles définissant les droits des femmes, notamment la lutte contre les violences basées sur le genre, l’accès à l’éducation, l’égalité dans le travail et la participation politique. Le protocole prévoit également des droits en matière de santé, comme les soins maternels, et encourage les réformes pour une meilleure inclusion des femmes dans tous les secteurs de la société.

Au-delà des enjeux législatifs, le Protocole de Maputo représente un levier de développement. Sa mise en œuvre renforcerait les mesures contre les violences faites aux femmes, les mariages précoces ou forcés, et garantirait l’égalité des droits dans l’éducation et l’emploi. De plus, en assurant un meilleur accès aux soins de santé, notamment pour les femmes enceintes, le protocole contribuerait à l’amélioration du bien-être des communautés et à une réduction des inégalités.

L’égalité des genres, en favorisant une pleine participation des femmes à la vie économique et sociale, est reconnue comme un moteur de croissance. Une étude de la Banque mondiale souligne que les économies inclusives génèrent de meilleurs résultats, tant sur le plan économique que social.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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