Environnement

Des femmes leaders dans la préservation de Vohibola III

La protection de la forêt nécessite la participation de tous. Hommes, femmes, jeunes et vieux, tous font leur travail respectif. Les acteurs travaillent en étroite collaboration pour protéger la forêt. Sur le terrain, la communauté de base, appelée Vondron’Olona eny Ifotony (VOI), est responsable de la gestion de la forêt. Les partenaires techniques et financiers apportent leur soutien, tandis que la Direction régionale de l’environnement et du développement durable (DREDD) coordonne les activités de protection.

Cette enquête – reportage illustre l’engagement collectif pour la protection de la forêt de Vohibola III, située dans la commune rurale d’Ambohimitombo, district d’Ambositra, région d’Amoron’i Mania – Madagascar. Il met particulièrement en lumière la responsabilité des femmes comme Madame Naina dans la gestion durable de cette forêt, en collaboration avec Conservation International (CI) et le VOI Parc Zafimaniry.

Journaliste : Fenitrarimanana – Vonona Rakotondratsimba

Réalisation : Vonona Rakotondratsimba

Traduction Malagasy – Français : Tiana Andriamifidy

Descente sur le terrain : une mission pour la nature

Mercredi 25 septembre 2024 : Tôt le matin, une équipe dirigée par la présidente du Vondron’Olona Ifotony VOI Parc Zafimaniry – madame Rasoambolaniaina Razanajao que la population locale appelle madame Naina est partie en mission depuis Ambositra. Après avoir parcouru 48 km en moto, ils sont arrivés à Ambohimitombo vers 12h 15 mn.

L’équipe s’est rendue directement au bureau de la commune pour interviewer le maire. Mais le maire n’était pas là et l’adjoint au maire n’a pas voulu répondre aux questions de notre envoyé spécial sur la gestion de la forêt de Vohibola III. Après avoir tenté de le convaincre, l’équipe a essayé de trouver le chef du fokontany, mais n’a toujours pas obtenu de réponse !

A 13h45, ce groupe d’inspection environnementale n’a eu d’autre choix que de partir immédiatement pour rejoindre la forêt de Vohibola III. D’Ambohimitombo à Vohibola III, la route est impraticable. Madame Naina et ses compagnons ont donc dû partir à pied, traversant un paysage spectaculaire mais aussi marqué par les stigmates de la déforestation.

A 15 heures, après trois heures de marche, ils arrivent dans la forêt de Vohibola III. Dès l’entrée, un arbre tombé à terre leur barre le chemin. « Voilà un arbre tombé à terre« , s’écrie Madame Naina, présidente du VOI Parc Zafimaniry, « il faut le photographier rapidement« , poursuit-elle. « Il faut vérifier si cet arbre est tombé naturellement ou s’il a été abattu« , indique-t-elle à ses deux patrouilleurs, connus dans la communauté sous le nom de Polisin’Ala. Le travail de ces inspecteurs forestiers consiste à prendre des photos et des notes. Ils ne se souviennent pas de la fatigue qu’ils ont ressentie après avoir marché pendant 3 heures depuis le village d’Ambohimotombo jusqu’à la forêt de Vohibola III.

« Nous respectons les instructions de Mme Naina« , a déclaré Ralaisoamiaramaka Fidèle, l’un des gardes forestiers. « Nous prenons des photos des arbres cassés et des dégâts constatés« , explique Rajaoarilaza Razafindrazanaka. Il a ajouté que Madame Naina est chargée d’enregistrer ces informations dans la fiche technique. Cette fois ci, Zo Rakotoarison, technicien de Conservation International en charge du corridor forestier Ambositra-Vondrozo (COFAV), et notre reporter, Fenitrarimanana a accompagné ces membres de VOI.

Les travaux d’inspection dans la forêt durent deux heures. Ces descentes, organisées par les patrouilleurs du VOI, ont lieu trois fois par mois, soit un total de six heures sur le terrain. Une préparation minutieuse est nécessaire en amont, incluant la planification des équipes, la vérification du matériel (prises de notes, GPS, et autres outils), ainsi que l’évaluation des besoins logistiques.

Madame Naina : une figure emblématique

Rasoambolaniaina Razanajao, connue sous le nom de Madame Naina, a dirigé le VOI Parc Zafimaniry pendant neuf ans. Première femme à occuper cette fonction, elle a démontré qu’un leadership ferme mais équitable pouvait transformer une communauté. Sous sa direction, des sanctions strictes contre les infractions ont été mises en œuvre, y compris des compensations financières et des reboisements, réduisant considérablement les actes illégaux.

Elle estime que l’application de la loi et le « dina » contribuent à sa réputation. « Dès que je suis devenue présidente de VOI en 2015, mon honnêteté a été mise à l’épreuve », explique-t-elle. Son oncle a été surpris en train de détruire la forêt. « J’ai appliqué la loi. L’affaire a été portée au niveau du fokontany, selon le « dina », et le rapport a été transféré à tous les niveaux. Mon oncle a accepté la « vonodina » et est devenu un protecteur de la forêt, grâce aux soutiens financiers et technique de Conservation International ».

Même après avoir quitté la présidence en septembre 2024, Madame Naina continue d’inspirer en tant que vice-présidente. Son engagement a également motivé d’anciens défricheurs à devenir des défenseurs actifs de la forêt.

Promouvoir la coopération entre les hommes et les femmes dans la gestion forestière, est l’une des méthodes de travail de Conservation International. « La situation à Ambohimitombo est un peu différente », explique Zo Rakotoarison, « car le VOI est dirigé par une femme. Ce sont les gens de la base qui gèrent la forêt. Ils sont tenus de rendre des comptes, et chaque membre a donc un rôle à jouer. En revanche, l’équipement et les indemnités journalières sont fournis par Conservation International ».

Le travail des « Polisin’Ala » est risqué et dangereux. Ralaisoamiaramaka Fidèle déplore le fait que « nous n’avons que des cahiers et des GPS, pas de haches et de bâtons ». Hanitriniala, membre du VOI Parc Zafimaniry, a raconté l’une des expériences de Madame Naina. « Un jour, dit-elle, Madame Naina s’est trouvée face à face avec un défricheur. Il l’a menacée avec une hache. Non seulement elle est une femme, mais elle n’a aucune arme pour se défendre contre ces hors-la-loi », a-t-elle poursuivi.

Malgré la passion et les efforts des acteurs locaux, les ressources pour la surveillance restent limitées. Avec seulement six heures de patrouille par mois, les capacités des équipes sur le terrain sont insuffisantes pour couvrir l’intégralité de la forêt. Cependant, le soutien technique de CI et la collaboration avec les autorités régionales apportent une aide précieuse pour relever ces défis.

Protéger la forêt : un effort multisectoriel

La Direction Régionale de l’Environnement et de Développement Durable Amoron’I Mania et le VOI Parc Zafimaniry travaillent en étroite collaboration pour conserver Vohibola III.

DREDD

Lundi 30 septembre – L’enquête se poursuit à Ambositra, chef-lieu de la région Amoron’i Mania. Le directeur régional, madame Gilbertine Rakotomahafaly a répondu à nos questions. Elle a déclaré que Conservation International encourage la participation des femmes et des hommes à la conservation de l’environnement. Ainsi, CI soutient plusieurs associations de femmes actives dans la région, même si elles ne sont pas des VOI. Ce fonctionnaire du DREDD a confirmé que « Madame Naina est une figure emblématique de la protection de la forêt de Vohibola III ». Selon ses explications, le travail effectué au niveau local et la planification au niveau régional se complètent, car la conservation et la protection de Vohibola III est la priorité du DREDD.

Un écosystème sous pression

La forêt de Vohibola III, couvrant une superficie de 1 691,36 hectares, est un sanctuaire pour la biodiversité. Elle abrite près de 100 espèces végétales, 9 espèces de lémuriens, ainsi que de nombreuses autres espèces animales. Cependant, l’exploitation illégale des ressources, l’agriculture sur brûlis et d’autres pratiques menacent cet écosystème fragile. Ces défis nécessitent une vigilance constante et des actions coordonnées. Selon Zo Rakotoarison, ces bûcherons illégaux ne sont pas originaires d’Ambohimitombo, mais viennent d’autres fokontany. Ils vendent les arbres à Ambositra et Antoera. Il ajoute qu’il existe un lien entre la déforestation et la culture. En résumé, ce sont des raisons économiques et culturelles qui poussent les gens à détruire les forêts.

La forêt de Vohibola III est bien plus qu’un simple espace naturel. Elle représente un héritage pour les générations futures. La collaboration entre communautés locales, institutions comme CI, et autorités régionales montre que l’unité est essentielle pour la conservation de notre environnement. Ce combat transcende les genres et les classes sociales, prouvant que l’engagement collectif peut protéger notre planète.

Avec des ressources supplémentaires et un renforcement des capacités, la lutte pour préserver cet écosystème peut devenir un exemple de succès pour d’autres régions confrontées à des défis similaires.

Vonona Rakotondratsimba

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