Santé

Madagascar : Une jeunesse vulnérable face au manque d’éducation sexuelle

À Madagascar, une fille sur trois devient mère avant ses 18 ans. Dans la région sud du pays, le phénomène est encore plus préoccupant. À Ambovombe, Mananjary ou encore Toliara, il n’est pas rare de croiser des fillettes enceintes alors qu’elles devraient encore être sur les bancs de l’école.

Face à cette urgence, l’association IYALP (Initiative des Jeunes pour un Avenir Leader et Positif) a lancé un projet d’éducation à la santé sexuelle et reproductive, en partenariat avec l’ambassade du Royaume-Uni (Foreign, Commonwealth & Development Office). L’objectif c’est de promouvoir une éducation sexuelle complète pour les jeunes et leurs parents, en s’appuyant sur des discussions communautaires.

« Ce sujet est rarement abordé à Toliara. Les jeunes n’osent pas en parler à leurs parents, et ces derniers ne savent pas comment aborder le sujet », explique Vola, point focal IYALP dans la région Atsimo Andrefana.

« Lors des formations, nous avons vu les barrières tomber. Des jeunes et des parents ont osé poser des questions, même en public. »

Mis en œuvre dans cinq fokontany (quartiers), le projet a permis de sensibiliser 333 jeunes et 307 parents. 50 leaders communautaires ont également été mobilisés pour appuyer les efforts de sensibilisation. Des sessions distinctes ont été organisées pour les jeunes et les parents, afin de favoriser une parole libre et adaptée.

Mais l’ampleur du défi reste immense. La durée limitée du projet et la faible couverture géographique ont réduit son impact global. Une méconnaissance profonde de la santé sexuelle chez les parents a aussi été constatée, mettant en lumière le besoin d’un accompagnement plus soutenu.

Dans les communautés concernées, les freins culturels restent forts. Parler de sexualité est souvent tabou, voire honteux. Pourtant, les conséquences du silence sont dramatiques : grossesses précoces, infections sexuellement transmissibles, abandons scolaires…

« L’éducation sexuelle ne se limite pas à la contraception. Elle inclut aussi la prévention, l’hygiène, le respect de soi et des autres, et la capacité à faire des choix informés », insiste IYALP.

Face à l’engouement suscité, l’association prévoit de poursuivre ses actions dans les cinq fokontany concernés, avec un suivi régulier et un accompagnement personnalisé pour les jeunes et les familles.

Un enjeu de société, une urgence nationale

Alors que les chiffres parlent d’eux-mêmes, le plaidoyer pour une éducation sexuelle complète, adaptée à l’âge et au contexte culturel, prend de l’ampleur. Car derrière chaque grossesse précoce, c’est une vie d’enfant qui bascule.

Le travail d’IYALP a démontré qu’en brisant les silences, les mentalités peuvent évoluer. Et que les jeunes, bien informés, sont capables de faire des choix éclairés pour leur santé et leur avenir.

 

 

 

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