Dakar, le 4 décembre 2024 – 67 journalistes de 28 pays d’Afrique et de Madagascar unissent leurs efforts pour lutter contre les violences faites aux femmes
Pendant trois jours, la capitale sénégalaise accueille le Forum des médias sur la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles en Afrique. Sous le thème « Respect des droits humains et autonomisation », cet événement met en lumière le rôle des médias dans la sensibilisation, la défense des droits et l’autonomisation des femmes sur le continent.
Des chiffres alarmants sur les violences faites aux femmes
Une femme sur trois en Afrique subit des violences, incluant mutilations génitales, mariages forcés et précoces, ainsi que violences sexuelles et domestiques. Ces pratiques représentent des obstacles majeurs au développement personnel et professionnel des femmes africaines, comme l’a rappelé Arlette Mvondo, représentante résidente d’ONU Femmes au Sénégal, lors de la cérémonie d’ouverture.
Elle a insisté sur la gravité de la situation en Afrique de l’Ouest et Centrale :« Ces violences réduisent la capacité des femmes et des filles à contribuer au développement de leurs sociétés. À ce jour, aucun pays n’est épargné et aucun n’a réussi à éradiquer ces pratiques. »
Mme Mvondo a également souligné l’urgence d’investir dans des initiatives innovantes, de renforcer la volonté politique et d’inscrire des engagements clairs dans les lois et politiques publiques pour garantir la justice et mettre fin à l’impunité.
Selon un rapport conjoint d’ONU Femmes et de l’ONUDC, 10 femmes sont tuées chaque jour par un partenaire ou un membre de leur famille.
Le rôle essentiel des journalistes
Le forum met en exergue la responsabilité des journalistes dans la lutte contre les violences. À travers la sensibilisation, les débats publics et la production d’articles, les professionnels des médias peuvent inspirer un changement durable.
Bamba Youssouf, président du REMAPSEN, a déclaré : « Les journalistes ont la capacité d’éduquer, de sensibiliser et d’influencer positivement les comportements et attitudes. »
Cet événement s’inscrit dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (du 25 novembre au 10 décembre), soutenus par ONU Femmes et le Fonds Muskoka.
Les participants produiront des centaines d’articles à l’issue de la conférence. Les conclusions des travaux seront publiées pour renforcer la collaboration entre le REMAPSEN et ONU Femmes.
Zoom sur Madagascar : des défis persistants
À Madagascar, la situation est tout aussi préoccupante : plus d’un tiers des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans subissent des violences physiques, sexuelles ou psychologiques. Pourtant, seulement 15 % d’entre elles reçoivent un soutien.
Des perceptions culturelles restent un obstacle majeur : 3 hommes sur 10 et 4 femmes sur 10 estiment acceptable qu’un homme soit violent envers sa femme ou la tue. Madagascar figure également parmi les 20 pays ayant les taux les plus élevés de mariages précoces : 39 % des femmes âgées de 25 à 49 ans ont eu des rapports sexuels avant 18 ans, et 12 % avant 15 ans.
Deux journalistes Malagasy, Radanielina Harimino Jemima (MaTV), responsable des médias TV et Vonona Rakotondratsimba (Radio Oasis), Président président du REMAPSEN Mada, représentent Madagascar à ce Forum.
Un espace d’échange et de collaboration
Ce forum de Dakar se distingue par son approche collaborative, en favorisant l’échange de bonnes pratiques et d’expériences entre journalistes de différents pays. Il constitue une plateforme idéale pour partager des initiatives locales et renforcer les efforts conjoints dans la lutte contre les violences basées sur le genre.
À l’issue de ces trois jours, le forum espère catalyser un mouvement durable pour l’autonomisation des femmes en Afrique, porté par l’engagement des médias.