
Nutrition à Madagascar : entre chiffres alarmants et initiatives éducatives
À Madagascar, la malnutrition liée aux carences en micronutriments demeure un problème de santé publique majeur, comme le confirment les résultats de l’Enquête Nationale sur les Carences en Micronutriments (ENCM 2024), publiés ce lundi 28 juillet à Andraharo, lors d’une rencontre du réseau des médias africains REMAPSEN. Réalisée auprès de 3 658 ménages dans les 23 régions du pays, l’enquête révèle une situation préoccupante, notamment chez les jeunes enfants et les femmes enceintes.
Parmi les données les plus marquantes : seuls 45 % des ménages consomment du sel iodé, pourtant essentiel au bon fonctionnement de l’organisme. Seul un enfant sur cinq (21 %) âgé de 6 à 23 mois reçoit une alimentation suffisamment diversifiée. En outre, 64 % des foyers ne disposent pas d’installation de lavage des mains, ce qui accroît les risques d’infection et compromet l’absorption des nutriments.
Les carences en zinc, calcium et vitamine B2 sont largement répandues, tandis que les taux d’anémie atteignent des niveaux critiques, en particulier dans les régions du Sud. Ces données soulignent l’urgence d’une mobilisation collective, associant santé, agriculture, éducation et protection sociale, pour renforcer la résilience nutritionnelle du pays.
C’est dans ce contexte qu’intervient le projet « Lakozia Mitety Sekoly », mis en œuvre en 2023 en collaboration avec l’UNICEF. Cette initiative vise à sensibiliser les enfants — et à travers eux, les familles — à l’importance d’une alimentation équilibrée, accessible et variée. Lors de l’événement du REMAPSEN, la cheffe Henintsoa Moretti, ambassadrice de la gastronomie malgache, a plaidé pour une meilleure éducation alimentaire.
« Un corps sain, puissant et doté de force, c’est ce qu’on obtient en consommant une variété de nourritures chaque jour », a-t-elle affirmé. Selon elle, une alimentation diversifiée ne se résume pas à un luxe mais constitue une nécessité pour prévenir les maladies, favoriser le bon développement physique et mental, et assurer une meilleure qualité de vie. Elle a également rappelé que cette diversité nutritionnelle fait encore défaut dans de nombreux foyers malgaches, en raison du manque de sensibilisation mais aussi de moyens économiques.
Les résultats de l’ENCM 2024 et les messages portés par des initiatives comme « Lakozia Mitety Sekoly » convergent vers un même objectif : construire une société mieux informée, capable de faire des choix alimentaires éclairés. Car au-delà des chiffres, c’est toute une vision de la santé publique, de l’éducation et de la souveraineté alimentaire qui est en jeu.



